France

Les politiques de logement en France: Les „grands ensembles“

Après la Seconde guerre mondiale, la France subit une importante crise du logement. Cet état de choses est notamment dénoncé par l’abbé Pierre durant l’hiver 1954. Plusieurs raisons: les destructions de la guerre, l’accroissement de la population avec le „baby-boom“, l’immigration, l’attrait de la ville pour les ruraux.

A partir de 1953 sont lancés les premiers opérations de „constructions industrialisés“, les premiers grands ensembles. Suite à l’élaboration des nouvelles politiques de logement entre 1953 et 1958, un grand nombre de constructions voit le jour dans la région parisienne: Sarcelle (à partir de 1953), les Courtilières à Pantin-Bobigny (Emile Aillaud), Massy-Antony (à partir de 1956), la Grande Borne (Emile Aillaud, à partir de 1967), etc. Des modalités différentes sont mises en place pour stimuler la construction (Fourcaut, p. 199). Ces immeubles s’inspirent du design moderne de Le Corbusier avec des plans d’appartement ouvert sans séparation entre la cuisine et le living p.ex. Le gouvernement baissait la surface minimale d’un HLM 3 pièces de 71 m2 à 53m2. (Newsome, 332, 334) En plus, les équipements culturels et scolaires n’existaient pas en nombre suffisant. Des problèmes de déliquance juvénile devenait plus fréquent que dans les pires quartiers en ville. Les sociologues et les groupes d’intérêt commençaient à revendiquer une meilleure participation des habitants dans l’aménagement urbain (Newsome, 334).

Les opérations Million sont directement issues de l’appel de l’Abbé Pierre en 1954 qui révèle l’impossibilité pour les travailleurs pauvres (immigrés) de se loger aux conditions de loyers de rentabilité des HLM. En 1955, est organisé le concours dit Opération – Un logement pour un million, concours regroupant des équipes architectes-entreprises. Le premier prix de ce concours est gagné par le bureau Candilis–Josic–Woods. Ils sont mandatés à construire 2500 unités d’habitation dans la région parisienne et dans le Sud de la France.

Georges Candilis avait visité les places de jeux d’Aldo van Eyck et était profondément impressionné:
„The first works by Van Eyck that I saw were a few playgrounds that he had laid out somewhere in deserted spots in the centre of Amsterdam. I was enormously impressed. It was an architecture that was extremely simple and which he had created with a very large measure of love. It consisted not only of materials like concrete and stone, but above all of non-material materials. When I saw those things, I realised that through his deep sensibility he had achieved his goal much more successfully than all of us“ (interview de 1981, in: Strauven, p. 81)

Les villes nouvelles
En 1965, le gouvernement adopte un nouveau Schéma d’aménagement et d’urbanisme de la région parisienne. Celui-ci décide de renforcer le desserrement de la région et de mettre en valeur des pôles de développement éloignés du centre de l’agglomération, qui puissent acquérir une véritable autonomie. Ces nouveaux pôles doivent se faire ex-nihilo, en dehors de villes existantes mais sans être trop éloignés du centre de Paris, tous étant situés de 15 km à moins de 50 km. Elles ne doivent pas constituer des banlieues dortoirs comme les grands ensembles. Ces villes doivent, à terme parvenir à fixer la population sur place sous la forme de nouveaux centres urbains.

À l’origine, ce schéma décide de la création de huit villes nouvelles aux alentours de Paris, mais sans décider d’implantation précise. Finalement, leur nombre est ramené à cinq. (wikipedia)

Les places de jeux
Dans le contexte des différents politiques d’aménagement urbain, les places de jeux sont élément essentielle pour donner un visage plus humain aux aménagements d’une dimension souvent démesurée.
Les places de jeux sont ou bien l’oeuvre des architectes qui construisent les unités d’habitation où bien des commandes indépendantes par les autorités d’aménagement communales ou régionales auprès un paysagiste ou un designer de place de jeux.

En France, la construction des places de jeux se passe donc dans le contexte de ces opérations de nouvelles logements à grande échelle, et /ou bien dans un contexte plutôt artistique ou de design. Un acteur important dans le contexte du design est le CCI, le centre de création industrielle à Paris. Il a organisé plusieurs exposition au sujet des places de jeux: „jouer aux halles“ (CCI/ Group Ludic, 1971), Exposition dans le cadre de l’année internationale des enfants dans le Jardin des Plantes (Group Ludic), Exposition „mobilier urbain“ au Jardin des Tuileries (CCI, 1970, Sculptures-jeux de designers différents).

Dans les années 70 – donc relativement tard – le mouvement des terrains d’aventure s’enracine en France. La période des années 70 est caractérisée par une crise de la structure des loisirs, un mécontentement des populations des villes face à l’urbanisme nouveau, un manque d’espace pour enfants et jeunes. (CCI, 1980, p.8)
En 1979 existent environ 40 terrains d’aventure en France, tous en milieu urbain, comparé à 200 dans l’agglomération de Londres. (CCI, 1980, pp. 10-11). Ce mouvement reste donc très marginal.


Emile Aillaud: La Grande Borne à Grigny: un effort pour le beau, 1972, 12:49 min. www.ina.fr


Sources:
https://www.paca.culture.gouv.fr/dossiers/xxeme_marseille/monographies/1118_pomme_million/pomme.htm (15.3.2012)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_des_villes_nouvelles_françaises (15.3.2012)

Kenny Cupers: The Social Project. The Complex Legacy of Public Housing in Postwar France

Jürgen Joedicke (Ed.), Candilis – Josic – Woods. Ein Jahrzehnt Architektur und Stadtplanung. Dokumente der modernen Architektur Bd. 6, Karl Krämer Verlag, Stuttgart, 1968.

Annie Fourcaut: „Les premiers grands ensembles en région parisienne : Ne pas refaire la banlieue?“ , French Historical Studies, Vol. 27, No. 1, New Perspectives on Modern Paris (Winter, 2004), pp. 195-218.

W. Brian Newsome: „The Apartment Referendum 1959: toward participatory architectural and urban planning in postwar France“, French Historical Studies, Vol. 28, No. 2 (2005), pp. 329-358.

Centre de création industrielle (CCI): l’espace collectif – ses signes et son mobilier, Paris 1970.

Centre National d’Art et de Culture Georges Pompidou / Centre de création industrielle (CCI): Enfants, à vous de jouer ! Terrains d’aventure, transformations d’espaces urbains. Collection „Culture au quotidien“, Paris 1980.

Jaques Simon: Les parcs actuels, Revue espaces verts, ouvrage No. 13.

L’architecture d’aujord’hui, „L’architecture et l’enfance“ No. 154, pp. X, 78, 79, Paris 1971

Francis Strauven: „Wasted pearls in the fabric of the city“, in: Aldo van Eyck – the playgrounds and the city. Liane Lefaivre, Ingeborg de Roode (Hrsg.), Stedelijk Museum Amsterdam, NAi Publishers Rotterdam, 2002

Erstellt am: 26.6.2012
Ergänzt: 22.7.2012

Béatrice Casadesus: Cité Balzac Vitry, ca. 1970

Marc Batifol, Chatenay-Malabry, Architeture d’aujourd’hui 1975

Candilis – Josic – Woods: Bobigny, 1957

Candilis, Josic, Woods: Bobigny, 1957

Candilis , Josic, Woods: Nîmes, Clos d’Oville, 1961

Candilis, Josic, Woods: Marseille / Bobigny, 1957/59

Candilis, Josic, Woods: Nîmes

Gogois, Guislain, Le Van Kim: Amiens, Etouvie-Montières

Béatrice Casadesus, architecte: Vitry, cité Balzac, ca 1970

cci: „design et les enfants“ Paris, jardin des Tuileries, 1970

cci: „design et les enfants“, Paris, jardin des Tuileries, 1970

Expo. mobilier urbain, Tuileries, (1) art urbain (2-6) A. Vuarnesson

Jaques Sgard: Parc André Malraux, Nanterre

Michel Corajoud, Parc d’Elancourt, Ville Nouvelle de Trappes, 1971-73

Ville Nouvelle de Trappes, Saint-Quentin-en-Yvelines, 1971-73

Michel Corajoud, Parc d’Elancourt, Ville Nouvelle de Trappes, 1971-73

Michel Corajoud, Parc d’Elancourt, Ville Nouvelle de Trappes, 1971-73